
“ Every saint has a past, and every sinner has a future.” ― Oscar Wilde
« Un jour vous allez rencontrer quelqu'un. Pas n'importe qui, attention. Au début cette personne vous déstabilisera tellement que vous en oublierez surement de manger ou qu'il vous sera carrément impossible de dormir. Sa présence pourra être, au commencement, détestable, irritable, dérangeante, plus emmerdante encore qu'un insecte s'agitant autour de vous avant les soirs d'orages. Ce quelqu'un, qui vous semblera peut être au début aux antipodes de votre personnalité, de vos goûts, de vos habitudes, de votre personne tout simplement se révélera être la pièce manquante du puzzle de votre vie. Dès l'instant où cette pensée aura percuté votre cerveau telle une comète contre une planète, vous vous réveillerez le matin avec la délicieuse sensation d'avoir comblé le vide résidant au creux de votre poitrine. Il y aura un écho à votre rire, un rire en réponse à vos éclats de voix. Vous ne serez plus solitaire lorsque vous regarderez les étoiles sur votre terrasse les soirs d'automne et votre frigo sera constamment rempli de bières et de pizzas que cette personne aura laissé en prévision de son prochain passage. Ce quelqu'un vous regardera avec les yeux si plein d'amour que vous vous noieriez au creux de ses pupilles comme si le trop plein de sentiments vous submergeait. Ce sera surement la plus belle rencontre de votre vie, qui vous changera à tel point qu'après cela, vos amis et votre famille secoueront la tête à votre vue, un sourire aux lèvres en vous murmurant que cette personne vous a changé et que l'amour vous va définitivement très bien. Un jour vous allez rencontrer quelqu'un, et à chaque instant cette journée est un peu plus proche... »
Le ciel s'apparente à du coton. Il est environ 5h du matin et les nuages entourent la ville, étouffant par leur opacité la timide lueur de l'aube qui se lève au loin.
Une silhouette se détache et semble flotter au milieu de ce brouillard matinal, traçant sa route au sein du dédale de ruelles. L'homme est grand, ses cheveux bruns bouclés tirant sur le blond, en désordre après une soirée trop arrosée. Ses yeux sont presqu'oranges, l'éclat de ses pupilles mélangeant la couleur flamboyante d'un coucher de soleil sur la mer et le teint d'une peau beaucoup trop hâlée, qui aurait été sans cesse tannée par le soleil.
Tali est beau. Son corps est sculté, son visage l'oeuvre d'un peintre au pinceau léger et délicat. La lumière semble éclairer ses boucles et précéder ses pas qui s'écrasent sur l'asphalte. Le monde est à ses pieds.
C'est d'ailleurs son pied qui vient de se cogner, contre un épais morceau de carton, dur comme la pierre. En grimaçant, le jeune homme jette un coup d'oeil à sa basket droite pour s'assurer qu'elle n'a rien... et rencontre un saphir et une émeraude.
La jeune femme a les yeux vairons, sous lesquelles logent d'immenses cernes. Des taches de rousseur sont constellées sur ses joues encore enfantines. Des cheveux courts brun encadrent son visage, faisant ressortir sa bouche en c½ur qui à cet instant-là, tremble. Elle est à moitié allongée sur le carton qui a déchiré la chaussure de Tali, un peu redressée, en position d'attaque comme le serait une louve face à un chasseur. Elle a arrêté de respirer depuis qu'il l'a vu.
Pendant une seconde, le calme est plat. Pendant un instant, le doux orange rencontre le vert flamboyant et le bleu tranquille. Lors un battement de c½ur, les leurs ratent une palpitation.
Puis elle se met à crier.
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